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ANNÉE 1767

À propos, je me mets aux pieds de madame votre sœur[1]. Embrassez pour moi maman, l’enfant, et M. Dupuits.

7198. — À MADAME DE SAINT-JULIEN.
À Ferney, 4 mars.

M. Dupuits, madame, est allé à Paris vous faire sa réponse. J’en aurais bien fait autant que lui, si j’avais son âge ; mais il faut que je reste dans mon tombeau de Ferney.

J’ai envoyé ma nièce et ma fille adoptive à Paris, pour arranger de malheureuses affaires que vingt ans d’absence avaient entièrement délabrées[2]. Ce sont bien plutôt leurs affaires que les miennes, car j’achève ma vie avec peu de besoins ; et si j’étais à Paris, mon premier devoir serait de vous faire ma cour. Il est vrai que je ne pourrais aller à vos rendez-vous de chasse : pour les autres rendez-vous, ce n’est pas mon affaire ; il faut être pour cela du métier des héros, et je n’ai pas l’honneur d’en être.

Je vous souhaite, madame, autant de plaisir que vous en méritez. Agréez les vœux et les respects de votre très-humble et obéissant serviteur.

P. S. Ne lisez point, madame, ce plat rogaton[3] ; mais donnez-le à M. l’abbé de Voisenon, afin qu’il l’aiguise.

7199. — À M. LE MARQUIS ALBERGATI CAPACELLI[4].
À Ferney, 4 mars.

Je n’ai pu trouver, monsieur, l’estampe que vous demandez ; il n’y en a plus qu’à Paris, et on ne sait où les prendre. J’ai l’honneur de vous envoyer un petit portrait qu’on a fait d’après un buste, il n’est pas tout à fait mal ; il ressemble assez au vieillard qui vous écrit, et qui vous est véritablement attaché. Je touche au bout de ma carrière ; ma faiblesse augmente tous les jours.

  1. Qui était Mme de La Chabalerie.
  2. Dans sa lettre à Mme de Florian, n° 7227, Voltaire se plaint de l’humeur de Mme Denis. Les Mémoires secrets du 30 mars 1768 disent que la séparation venait de querelles domestiques. Wagnière (Mémoires sur Voltaire, etc., 1826, II, 269) dit que Voltaire chassa Mme Denis. Malgré ses graves sujets de mécontentement, le philosophe fit à sa nièce une pension de 20,000 francs.
  3. Lettre de l’archevêque de Cantorbéry à l’archevêque de Paris, voyez tome XXVI, page 577.
  4. Éditeurs, de Cayrol et François.