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CORRESPONDANCE

Lyon, il partirait sur-le-champ. Mais, comme il joint au gouvernement de ses Quarante écus la fonction de procureur de Mme Denis, il n’est pas possible qu’il puisse venir faire sa cour aux deux frères avant deux ou trois mois.

Voici un paquet, monsieur, qu’on m’a adressé d’Yverdun pour vous remettre. Je m’acquitte de la commission. Je présente mes respects à toute votre famille, à Mme de La Tourette et à tout ce que vous aimez.

7205. — À M. DE CHABANON[1].
14 mars.

Mon cher confrère, mon cher ami, vous êtes aussi essentiel qu’aimable. Voyez maman, je vous en prie, si vous ne l’avez déjà vue ; elle vous dira tout, elle se confiera à votre amitié généreuse et prudente. Ce billet est ma lettre de créance. Je crois déjà devoir vous dire que nous comptons vendre Ferney, et que je me flatte de la douceur d’aller mourir à Paris entre ses bras. Il se présente un acheteur pour Ferney. Mais tout est encore très-incertain. Si on ne peut compter sur un moment de vie, on doit encore moins compter sur les événements de cette vie, aussi orageuse qu’elle est courte.

Voyez maman, vous dis-je, mon cher ami, et envoyez-moi Eudoxie. Favorisez le péché originel[2] ou original, et le fort Samson. Consolez le vieux solitaire par vos bontés et par vos lettres. Il a un cœur fait pour sentir ce que vous valez et ce que vous faites. Il vous aimera bien tendrement, tant qu’il sera dans ce monde.

7206. — À M. LE COMTE DE LA TOURAILLE[3].
15 mars.

Permettez que je vous dise, monsieur, la même chose qu’à monseigneur le prince de Condé, que, si j’étais jeune et un de ses parents, je ne demanderais pas mon congé. Je suis enchanté que vous soyez content de M. le duc de Choiseul. Par ma foi, c’est le plus aimable ministre que la France ait jamais eu, et il est doux d’avoir obligation à ceux qui sont au gré de tout le monde. J’aurais mieux aimé une épigramme de lui qu’une pension de M. de Louvois.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Pandore.
  3. Éditeurs, de Cayrol et François.