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année 1768.

le premier homme titré qui accepta la place de secrétaire d’État. Avant lui, sous Louis XIV, pendant la régence, le maréchal de La Meilleraie, le duc de La Vieuville, avaient gouverné les finances. Le maréchal d’Ancre, le comte de Schomberg, le connétable de Luynes, avaient signé comme secrétaires d’État. Le cardinal de Richelieu fut secrétaire d’État, étant évêque de Luçon ; le marquis d’O, le comte de Sancy, le duc de Sully, avaient des patentes de secrétaires d’État, et gouvernèrent l’État sous Henri IV ; et il fallait être reçu secrétaire du roi pour signer en son nom.

Vous me paraissez, monsieur, un très-bon chrétien, de ne compter que cent soixante-quatorze générations parmi les hommes. Les peuples de l’Orient ne s’accommoderaient pas de ce calcul ; et la Bible qu’on appelle des Septante pourrait bien contredire un peu la Bible dite la Vulgate. Vous et moi nous les respectons toutes deux également, sans prétendre à l’honneur de les concilier.

Puisque nous en sommes sur l’exactitude des faits, je vous dirai que, quoique je sois très-ancien par mon âge, je ne suis pas ancien gentilhomme ordinaire de la chambre du roi très-chrétien.

Le roi m’a conservé cette place ; je ne perdis que celle d’historiographe, lorsque j’allai à Berlin ; mais je suis dans un âge où l’on est très-peu sensible à ces joujoux.

Mme Denis est à Paris, et je suis assez heureux pour être en état de lui faire la même pension que le roi de Prusse daignait me faire quand j’étais votre camarade ; s’il y a quelque chose que je regrette, c’est de ne plus l’être.

J’ai l’honneur d’être avec tous les sentiments que je vous dois, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

7240. — À M. LE CLERC DE MONTMERCY[1].
16 avril.

Plus j’avance en âge, monsieur, et plus j’aime la philosophie et les philosophes ; jugez si j’ai conservé pour vous les sentiments d’une véritable amitié. Tout ce que vous m’avez jamais écrit a été conforme à ma manière de penser, excepté les éloges dont vous me comblez, éloges dont je suis redevable à votre seule indulgence.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.