Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome46.djvu/338

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
328
ANNÉE 1769.

Tâchez de me faire avoir le petit livre de l’abbé de Château-neuf, sur la musique des anciens ; vous savez que j’en ai besoin. Je vous ferai rembourser le tout fort exactement. Je vous embrasse de tout mon cœur.

Le vieux malade.
7548. — À M. MARIN[1].
5 mai.

Le jeune homme, monsieur, qui est auteur des Deux Frères, et qui est aussi magistrat dans son tripot de province, a été un peu surpris que le Châtelet ait jugé ces Deux Frères à mort. Il se peut faire que le Châtelet se connaisse mieux en vers que lui ; mais la sentence paraît un peu dure. Quel est donc ce M. de Launay qui a tout l’air d’avoir la plus grande part à cette sentence, et qui écrit des lettres si impérieuses ? Je suis persuadé que si les fiacres avaient une juridiction dans Paris, leur greffier terminerait ses lettres par ces mots : Tel est notre plaisir.

Voici un petit mot de requête civile dont vous pouvez vous aider en cas de besoin. Peut-être serait-il convenable de le faire lire à M. de Sartines, uniquement pour votre justification. Le jeune homme serait fort curieux de savoir les motifs de l’arrêt rendu par le parc civil.

On dit que monsieur le chancelier est fort tenté de rappeler à son autorité cette partie de son ministère, qui y a toujours été attachée ; en ce cas, vous auriez tout le crédit que vous devez avoir, et la littérature s’en trouverait bien.

Il y aurait peut-être de la fatuité à vous présenter cette médaille : mais l’amitié ne peut être ridicule.

Un avocat nommé M. Marchand m’a écrit qu’il possède un cabinet de cinq mille médailles, et qu’il veut en avoir cinq mille et une. Il m’apprend qu’il demeure chez M. Pasquier, conseiller de grand’chambre, qu’il a soupé chez M. de Sartines avec un de mes parents, et que par conséquent je dois lui envoyer cette médaille dont on lui a parlé. Si jamais vous le rencontrez à souper chez M. de Sartines, je vous prie de vouloir bien lui faire rendre ma réponse et ma médaille, que je prends la liberté de faire insérer dans ce paquet. Je vous demande bien pardon.

  1. Les éditeurs de cette lettre, MM. de Cayrol et François, l’avaient mise à tort à l’année 1770. (G. A.)