Le sacrifice est grand : je sens trop ce qu’il coûte ;
Mais notre loi vous parle, et votre cœur l’écoute :
Vous l’avez embrassée.
Aurais-je pu prévoir
Qu’elle dût m’imposer cet horrible devoir ?
Je sens que de mes jours, usés dans l’amertume,
Le flambeau pâlissant s’éteint et se consume ;
Et ces derniers moments que Dieu veut me donner
À quoi vont-ils servir ?
Peut-être à pardonner.
Vous-même vous avez tracé votre carrière ;
Marchez-y sans jamais retourner en arrière.
Les mânes, affranchis d’un corps vil et mortel,
Goûtent sans passions un repos éternel ;
Un nouveau jour leur luit ; ce jour est sans nuage ;
Ils vivent pour les dieux : tel est notre partage.
Une retraite heureuse amène au fond des cœurs
L’oubli des ennemis et l’oubli des malheurs.
Il est vrai, je fus reine, et ne suis que prêtresse ;
Dans mon devoir affreux soutenez ma faiblesse.
Que faut-il que je fasse ?
Olympie à genoux
Doit d’abord en ces lieux se jeter devant vous ;
C’est à vous de bénir cet illustre hyménée.
Je vais la préparer à vivre infortunée :
C’est le sort des humains.
Le feu sacré, l’encens,
L’eau lustrale, les dons offerts aux dieux puissants,
Tout sera présenté par vos mains respectables.
Et pour qui, malheureuse ! Ah ! Mes jours déplorables
Jusqu’au dernier moment sont-ils chargés d’horreur ?
J’ai cru dans la retraite éviter mon malheur ;
Le malheur est partout, je m’étais abusée :
Allons, suivons la loi par moi-même imposée.