Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/128

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L’Hiérophante.

Adieu je vous admire autant que je vous plains.
Elle vient près de vous.

Il sort.


Scène III

Statira, Olympie.

Le théâtre tremble.

Statira

Lieux funèbres et saints,
Vous frémissez !… J’entends un horrible murmure
Le temple est ébranlé !… Quoi ! toute la nature
S’émeut à son aspect ! et mes sens éperdus
Sont dans le même trouble, et restent confondus !


Olympie, Effrayée.

Ah ! Madame !


Statira

Approchez, jeune et tendre victime :
Cet augure effrayant semble annoncer le crime
Vos attraits semblent nés pour la seule vertu.

Olympie

Dieux justes, soutenez mon courage abattu !
Et vous, de leurs décrets auguste confidente,
Daignez conduire ici ma jeunesse innocente ;
Je suis entre vos mains, dissipez mon effroi.


Statira

Ah ! J’en ai plus que vous !… Ma fille, embrassez-moi…
Du sort de votre époux êtes-vous informée ?
Quel est votre pays ? Quel sang vous a formée ?


Olympie

Humble dans mon état, je n’ai point attendu
Ce rang où l’on m’élève, et qui ne m’est pas dû.
Cassandre est roi, madame ; il daigna dans la Grèce
A la cour de son père élever ma jeunesse.
Depuis que je tombai dans ses augustes mains,
J’ai vu toujours en lui le plus grand des humains.
Je chéris un époux, et je révère un maître.
Voilà mes sentiments, et voilà tout mon être.