Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/129

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Statira.

Qu’aisément, juste ciel, on trompe un jeune cœur !
De l’innocence en vous que j’aime la candeur !
Cassandre a donc pris soin de votre destinée ?
Quoi ! D’un prince ou d’un roi vous ne seriez pas née ?


Olympie

Pour aimer la vertu, pour en suivre les lois,
Faut-il donc être né dans la pourpre des rois ?


Statira

Non, je ne vois que trop le crime sur le trône.

Olympie

Je n’étais qu’une esclave.


Statira

Un tel destin m’étonne.
Les dieux sur votre front, dans vos yeux, dans vos traits,
Ont placé la noblesse ainsi que les attraits.
Vous, esclave !


Olympie

Antipatre, en ma première enfance.
Par le sort des combats me tint sous sa puissance :
Je dois tout à son fils.


Statira

Ainsi vos premiers jours
Ont senti l’infortune, et vu finir son cours !
Et la mienne a duré tout le temps de ma vie !…
En quels temps, en quels lieux fûtes-vous poursuivie
Par cet affreux destin qui vous mit dans les fers ?


Olympie

On dit que d’un grand roi, maître de l’univers,
On termina la vie, on disputa le trône,
On déchira l’empire, et que dans Babylone
Cassandre conserva mes jours infortunés,
Dans l’horreur du carnage au glaive abandonnés.

Statira

Quoi ! Dans ces temps marqués par la mort d’Alexandre,
Captive d’Antipatre, et soumise à Cassandre ?


Olympie

C’est tout ce que j’ai su. Tant de malheurs passés
Par mon bonheur nouveau doivent être effacés.

Statira

Captive à Babylone !… O puissance éternelle !
Vous faites-vous un jeu des pleurs d’une mortelle ?