Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/132

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D’Alexandre ton père il est l’empoisonneur.
Au sein de Statira dont tu tiens la naissance,
Dans ce sein malheureux qui nourrit ton enfance,
Que tu viens d’embrasser pour la première fois,
Il plongea le couteau dont il frappa les rois.
Il me poursuit enfin jusqu’au temple d’Éphèse ;
Il y brave les dieux, et feint qu’il les apaise !
À mes bras maternels il ose te ravir ;
Et tu peux demander si je dois le haïr !


Olympie

Quoi ! d’Alexandre ici le ciel voit la famille !
Quoi ! Vous êtes sa veuve ! Olympie est sa fille !
Et votre meurtrier, ma mère, est mon époux !
Je ne suis dans vos bras qu’un objet de courroux !
Quoi ! Cet hymen si cher était un crime horrible !

L’Hiérophante

Espérez dans le ciel.


Olympie

Ah ! Sa haine inflexible
D’aucune ombre d’espoir ne peut flatter mes vœux ;
Il m’ouvrait un abîme en éclairant mes yeux.
Je vois ce que je suis, et ce que je dois être.
Le plus grand de mes maux est donc de me connaître !
Je devais à l’autel où vous nous unissiez
Expirer en victime, et tomber a vos pieds.


Scène V

Statira, Olympie, L’Hiérophante, un Prêtre.
Le Prêtre

On menace le temple, et les divins mystères
Sont bientôt profanés par des mains téméraires ;
Les deux rois désunis disputent à nos yeux
Le droit de commander où commandent les dieux :
Voilà ce qu’annonçaient ces voûtes gémissantes,
Et sous nos pieds craintifs nos demeures tremblantes.
Il semble que le ciel veuille nous informer