Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/139

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Et nous ignorerions leurs grandeurs passagères,
Sans le fatal besoin qu’ils ont de nos prières.
Pour vous, pour Olympie, et pour d’autres, seigneur,

    dit le quatrième livre des Rois [X, 7.] Le même livre [X, II] rapporte qu’il lit exterminer tous les amis d’Achab, tous ses courtisans, et tous ses prêtres. Cette reine avait à la vérité usé de représailles ; mais appartenait-il a Joad de conspirer contre elle, et de la tuer ? Il était son sujet ; et certainement, dans nos mœurs et dans nos lois, il n’est pas plus permis à Joad de faire assassiner sa reine qu’il n’eut été permis a l’archevêque de Cantorbery d’assassiner Elisabeth parce qu’elle avait fait condamner Marie Stuart. il eût fallu, pour qu’un tel assassinat ne révoltat pas tous les esprits, que Dieu, qui est le maître de notre vie et des moyens de nous lôter, fut descendu lui-même sur la terre d’une manière visible et sensible, et qu’il eut ordonné ce meurtre : or, c’est certainement ce qu’il n’a pas fait. Il n’est pas dit même que Joad ait consulté le Seigneur, ni qu’il lui ait fait la moindre prière, avant de mettre sa reine à mort. L’Écriture dit seulement [IV Rois, xi, 10] qu’il conspira avec ses lévites, qu’il leur donna des lances, et qu’il fit assassiner Athalie à la porte aux Chevaux [id., xi, 16], sans dire que le Seigneur approuvât cette conduite. N’est-il donc pas clair, après cette exposition, que le role et le caractère de Joad, dans Athalie, peuvent être du plus mauvais exemple, s’ils n’excitent pas la plus violente indignation ? Car pourquoi l’action de Joad serait-elle consacrée ? Dieu n’approuve certainement pas tout ce que l’histoire des Juifs rapporte. L’Esprit-Saint a présidé à la vérite avec laquelle tous ces livres ont été écrits. Il n’a pas présidé aux actions perverses dont on y rend compte, il ne loue ni les mensonges d’Abraham [Gen., xii, 13, et xx, 13], d’Isaac [id., xxvi, 7], et de Jacob [id., xxvii, 19], ni la circoncision imposée aux Sichimites [Genèse, xxxiv]pour les égorger plus aisément, ni l’inceste de Juda avec Thamar, sa belle-fille [Genèse, xxxviii], ni même le meurtre de l’Egyptien [Exode, ii, 12] par Moise. Il n’est point dit que le Seigneur approuve l’assassinat d’Eglon [Juges, iii, 21], roi des Moabites, par Aod ou Eud ; il n’est point dit qu’il approuve l’assassinat de Sizara par Jael [Juges, iv, 21], ni qu’il ait été content que Jephté, encore teint du sang de sa fille, fit égorger quarante-deux mille hommes d’Ephraim, au passage du Jourdain, parce qu’ils ne pouvaient pas bien prononcer Schibbolet [Juges, xii, 6]. Si les Benjamites du village de Gabaa voulurent violer un lévite, si on massacra toute la tribu de Benjamin [Juges, xx], à six cents personnes près, ces actions ne sont point citées avec éloge. Le Saint-Esprit ne donne aucune louange à David pour s’être mis [I Rois, xxii, 2], avec cinq cents brigands chargés de dettes, du parti du roitelet Akis, ennemi de sa patrie, ni pour avoir égorge [I Rois. xxxii, 9] les vieillards, les femmes, les enfants, et les bestiaux des villages alliés du roitelet, auquel il avait juré fidélité et qui lui avait accordé sa protection. L’Écriture ne donne point d’éloge a Salomon pour avoir fait assassiner son frère Adonias [III Rois, ii, 25] ; ni à Bahasa pour avoir assassiné Nadab [III Rois, xv, 27] ; ni à Zimri, ou Zamri [dans les Rois, livre III, chap. xvI, on lit Zambri], pour avoir assassiné Éla et toute sa famille ; ni à Amri, ou Homri, pour avoir fait périr Zimri [III Rois, xvi, 17, 18] ; ni à Jéhu pour avoir assassiné Joram [IV Rois, ix, 24]. Le Saint-Esprit n’approuve point que les habitants de Jérusalem assassinent le roi Amasias, fils de Joas [IV Rois, XIV, 19] ; ni que Sellum [id., xv, 8, 10]. fils de Jabès, assassine Zacharias, fils de Jéroboam ; ni que Manahem assassine Sellum, [id., xv, 8, 14], fils de Jabès ; ni que Facée [id., id., 23, 25], fils de Roméli, assassine Facéia, fils de Manahem ; ni qn’Osée, fils d’Éla [id., id., 30], assassine Facéé,