Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/167

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Je subis mon destin ; vous voyez sa rigueur ;
Il me faut faire un choix… il est fait dans mon cœur ;
Je suis déterminée.


L’Hiérophante

Ainsi donc d’Antigone
Vous acceptez les vœux et la main qu’il vous donne ?

Olympie

Seigneur, quoi qu’il en soit, peut-être ce moment
N’est point fait pour conclure un tel engagement.
Vous-même l’avouez ; et cette heure dernière,
Où ma mère a vécu, doit m’occuper entière…
Au bûcher qui l’attend vous allez la porter ?


L’Hiérophante

De ces tristes devoirs il faut nous acquitter :
Une urne contiendra sa dépouille mortelle ;
Vous la recueillerez.


Olympie

Sa fille criminelle
A causé son trépas… Cette fille du moins
À ses mânes vengeurs doit encor quelques soins.

L’Hiérophante

Je vais tout préparer.


Olympie

Par vos lois que j’ignore,
Sur ce lit embrasé puis-je la voir encore ?
Du funèbre appareil pourrai-je m’approcher ?
Pourrai-je de mes pleurs arroser son bûcher ?


L’Hiérophante

Hélas ! vous le devez ; nous partageons vos larmes :
Vous n’avez rien à craindre ; et ces rivaux en armes
Ne pourront point troubler ces devoirs douloureux.
Présentez des parfums, vos voiles, vos cheveux,
Et des libations la triste et pure offrande.


Les prêtresses placent tout cela sur un autel.

Olympie, À l’Hiérophante.

C’est l’unique faveur que sa fille demande…


À la prêtresse inférieure.

Toi qui la conduisis dans ce séjour de mort,
Qui partageas quinze ans les horreurs de son sort,
Va, reviens m’avertir quand cette cendre aimée
Sera prête à tomber dans la fosse enflammée ;
Que mes derniers devoirs, puisqu’ils me sont permis,