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186 LE triu : mvirat.

Cet hymen d’Octavic et ses faibles api)as Éloignent la rupture et ne rempêcheiit pas. Ils se connaissent trop ; ils se rendent justice. In jour je les verrai, préparant leur supplice, Allumer la discorde avec i)lus de fureur Que leur fausse amitié n’étale ici d’horreur.

SCÈNE II.

I<ULVIE, ALBINE, AUFIDE.

FLLVIE.

Aufide, qu’a-t-on fait ? Quelle est ma destinée ? A quel abaissement suis-je enfin condamnée ?

AUFIDE.

Le divorce est signé de cette même main Que l’on voit à longs flots verser le sang romain ; Et bientôt vos tyrans viendront sous cette tente Partager des proscrits la dépouille sanglante.

FULVIE.

Puis-j-e compter sur vous ?

ment l’un et l’autre d’être dos assassins. Il est bien évident que la vengeance du meurtre de César ne fut jamais que le prétexte de leur ambition. Ils n’agirent que pour eux-mêmes, soit quand ils furent ennemis, soit quand ils furent allies. Il me semble que l’auteur de la tragédie a bien raison de dire :

A quels maîtres, grands dieux, livrez-vous l’univers !

Le monde fut ravagé, depuis l’Euphratc jusqu’au fond de l’Espagne, par deux scélérats sans pudeur, sans loi, sans honneur, sans probité, fourbes, ingrats, sanguinaires, qui, dans une république bien policée, auraient péri parle dernier supplice. ^ous sommes encore éblouis de leur splendeur, et ne devrions être étonnés que de l’atrocité de leur conduite. Si on nous racontait de pareilles actions de deux citoyens d’une petite ville, elles nous dégoûteraient ; mais l’éclat delà grandeur de Rome se répand sur eux : elle nous en impose, et nous fait presque respecter ce que nous baissons dans le fond du cœur.

Les derniers temps de l’empire d’Auguste sont encore cités avec admiration, parce que Rome goûta sous lui l’abondance, les plaisirs, et la paix. Il régna avec gloire ; mais enfin il ne fut jamais cité comme un bon prince. Quand le sénat complimentait les empereurs à leur avènement, que leur souhaitait-il ? d’être plus heureux qu’Auguste, meilleurs que Trajan, felicior Auguslo, melior Trajano. L’opinion de l’empire romain fut donc qu’Auguste n’avait été d’heureux, mais que Trajan avait été bon. En nfTet, comment peut-on tenir compte à un brigand enrichi d’avoir joui en paix du fruit de ses rapines et de ses cruautés ? Clémentiam non voco, dit Sénèque, lassam crudelUatem. {Note de Voltaire.)