Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/201

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ACTE I, SCfîNE ni. 191

Je veux bien vous céder. J’exige en récompense Que votre autorité, secondant ma puissance, Extermine à jamais les restes abattus Du parti de Pompée et du traître Brutus ; Qu’aucun n’échappe aux lois que nous avons portées,

OCTAVE,

D’assez de sang peut-être elles sont cimentées.

ANTOINE.

Comment ! vous balancez ! Je ne vous connais plus. Qui peut troubler ainsi vos vœux irrésolus ?

OCTAVE.

Le ciel même a détruit ces tables si cruelles.

ANTOINE,

Le ciel qui nous seconde en permet de nouvelles. Craignez-vous un augure^ ?

OCTAVE,

Et ne craignez-vous pas De révolter la terre à force d’attentats ? Aous voulons enchaîner la liberté romaine. Nous voulons gouverner ; n’excitons plus la liaine,

ANTOINE,

Nommez-vous la justice une inhumanité ? Octave, un triumvir par César adopté, Quand je venge un ami, craint de venger un père ! ^’ous oublieriez son sang pour flatter le vulgaire ! À qui prétendez-vous accorder un pardon, Quand vous m’avez vous-même immolé Cicéron ?

ce petit monarque fut mis on croix. Le prétendu royaume d’Antigone se bornait au territoire pierreux de Jérusalem et à la Galilée, Antoine avait donné le pays de Jéricho à Cléopâtro, qui jouissait de la terre promise. Il dépouillait souvent un roi d’une province pour en gratifier un favori. Il est bon de faire attention à tant d’insolence d’un côté, et à tant d’abrutissement de l’autre. {Note de Voltaire.)

1, Auguste feignit toujours d’être superstitieux ; et peut-être le fut-il quelquefois. Il eut, au rapport de Suétone, la faiblesse de croire qu’un poisson qui sautait hors de la mer sur le rivage d’Actium lui présageait le gain de la bataille. Ayant ensuite rencontre un ânier, il lui demanda le nom de son âne ; l’ànier lui répondit qu’il s’appelait Vainqueur : Octave ne douta plus qu’il ne dût remporter la victoire. ]1 fit faire des statues d’airaia de l’ànier, de l’âne, et du poisson ; il les plaça dans le Capitole. On rapporte de lui beaucoup d’autres petitesses qui, en contrastant avec tant de cruautés, forment le portrait d’un méchant méprisable, mais qui devint habile : et c’est à lui qu’on a dresse des autels de son vivant !

A quels maîtres, grands dieux, livrez-vous l’univers ! Note de Voltaire.)