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ACTE I, SCÈNE III -193

ANTOINE.

J’entends : à mes périls vous cherchez à Jui plaire, Vous voulez devenir un tyran populaire,

OCTAVE.

Vous m’imputez toujours quelques secrets desseins, Sacrilior Pompéé, est-ce plaire aux Romains ? Mes ordres aujourd’hui renversent leur idole. Tandis que je vous parle, on le frappe, on Timmole : Que voulez-vous de plus ?

ANTOINE.

Vous ne m’abusez pas ; Il vous en coûta peu d’ordonner son trépas : A nos vrais intérêts sa mort fut nécessaire-. Mais d’un rival secret vous voulez vous défaire ; Il adorait Julie, et vous étiez jaloux ; Votre amour outragé conduisait tous vos coups. De nos engagements remplissez l’étendue : De Lucius César la mort est suspendue ; Oui, Lucius César, contre nous conjuré…

OCTAVE,

Arrêtez.

ANTOINE.

Ce coupable est-il pour nous sacré ? Je veux qu’il meure…

OCTAVE, se levant.

Lui ? le père de Julie ?

ANTOINE.

Oui, lui-même.

OCTAVE.

Écoutez : notre intérêt nous lie ; L’hymen étreint ces nœuds ; mais si vous persistez A demander le sang que vous persécutez, Dès ce jour entre nous je romps toute aUiance.

1. Ce Sextus Pompéius, dont nous avons dcjà parlé, était fils du grand Pompée. Son caractère était noble, violent, et téméraire. Il se fit une réputation immortelle dans le temps des proscriptions ; il eut le courage de faire afficher dans Rome qu’il donnerait, à ceux qui sauveraient les pmscrits, le double de ce que les triumvirs promettaient aux assassins. Il finit par être tué en Phrysio par ordre ; d’Antoine. Son frère Cncius avait été tué en Espagne, à la bataille de Mu nda. Ainsi toute cette famille si chérc aux Romains, et qui combattait pour les lois, périt malheureusement ; et Auguste, si longtemps l’ennemi de toutes les lois, mourut dans la vieillesse la plus honorée. {Note de Voltaire.)

2. On a appliqué ces vers au duc d’Enghien. ’^G, A.)

15. — Théâtre. V. 13