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ACTE ir, SCi :.\E IV. 203

Si VOUS avez aussi connu l’adversité,

Vous n’aurez pas, sans doute, assez de cruauté

Pour achever ma mort, et trahir ma misère.

Vous voyez où des dieux me conduit la colère.

Vous avez dans vos mains, par d’étranges hasards,

Le destin de Pompée et du sanj^" des Césars.

J’ai réuni ces noms ; l’iidérèt de la terre

A formé notre hymen au milieu de la guerre.

Rome, Pompée et moi, tout est prêt à périr ;

Aurez-vous la vertu d’oser les secourir ?

FULVIE.

J’oserai plus encor. S’il est sur ce rivage, Qu’il daigne seulement seconder mon courage. Oui, je crois que le ciel, si longtemps inhumain, Pour nous venger tous trois l’a conduit par la main ; Oui, j’armerai son bras contre la tyrannie. Parlez : ne craignez plus.

JULIE.

Errante, poursuivie. Je fiiynis avec lui le fer des assassins Qui de Home sanglante inondaient les chemins ; Nous allions vers son camp : déjà sa renommée Vers Césène assemblait les débris d’une armée ; À travers les dangers près de nous renaissants 11 conduisait mes pas incertains et tremblants. La mort était partout ; les sanglants satellites Des plaines de Césène occupaient les limites. La nuit nous égarait vers ce funeste bord Où régnent les tyrans, où préside la mort. Notre fatale erreur n’était point reconnue. Quand la foudre a frappé notre suite éperdue. La terre en mugissant s’entrouvre sous nos pas. Ce séjour en effet est celui du trépas.

FULVIE.

Eh bien ! est-il encore en cette île terrible ? S’il ose se montrer, sa perte est infaillible, Il est mort.

JULIE.

Je le sais.

FULVIE.

OÙ dois-je le chercher ? Dans quel secret asile a-t-il pu se cacher ?