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220 LE TRir. MVIUAT.

Coininandez, s’il le faut, à la terre asservie : Mon cœur ne dépend point de votre tyrannie. Vous pouvez tout sur liome, et rien sur mon devoir.

OCTAVE.

Vous ignorez mes droits, ainsi que mon pouvoir. Vous vous trompez, Julie, et vous pourrez apprendre Que Lucius sans moi ne peut choisir un gendre ; Que c’est à moi surtout f|ue Ton doit olxMr. Déjà Home m’attend ; soyez prête à partir.

JULIE.

Voilà donc ce grand cœ^ir, ce héros magnanime, Qui du monde calmé veut mériter l’estime ! Voilà ce règne heureux de paix et de douceur ! Il fut un meurtrier, il devient ravisseur !

OCTAVE.

Il est juste envers vous ; mais, quoi qu’il en puisse être. Sachez que le mépris n’est pas fait pour un maître. Que vous aimiez Pompée, ou qu’un autre rival, Encouragé par vous, cherche l’honneur fatal D’oser un seul moment disputer ma conquête, On sait si je me venge ; il y va de sa tête : C’est un nouveau proscrit que je dois condamner ; Et je jure par vous de ne point pardonner.

JLLIE.

Moi, j’atteste ici Rome et son divin génie,

Tous ces héros armés contre la tyrannie.

Le pur sang des Césars, et dont vous n’êtes pas,

Qu’à vos proscriptions vous joindrez mon trépas

Avant que vous forciez cette âme indépendante

A joindre une main pure à votre main sanglante.

Les meurtres que dans Rome ont commis vos fureurs,

De celui que j’attends sont les avant-coureurs.

Un nouvel Appius a trouvé Virginie ;

Son sang eut des vengeurs ; il fut une patrie ;

Rome suhsiste encor. Les femmes en tout temps

Ont servi dans nos murs à punir les tyrans.

Les rois, vous le savez, furent chassés pour elles.

Nouveau Tarquin, tremblez !

(VAlc sort.)