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ACTE III, SCÈNE VII. 221

SCÈNE VIT.

OCTAVE.

Qiio d’injures nouvelles ! (Juel reproche accablant pour mon cœur oppressé ! Ce cœur m’en a dit plus qu’elle n’a prononcé. Le cruel est haï, j’en fais l’expérience ; Je suis ])uni déjà de ma toute-puissance ; À peine je gouverne, à peine j’ai goûté Ce pouvoir qu’on m’envie, et qui m’a tant coûté. Tu veux régner, Octave, et tu chéris la gloire ; Tu voudrais que ton nom vécût dans la mémoire ; Il portera ta honte à la postérité. Être à jamais haï ! quelle immortalité ! Mais l’être de Julie, et l’être avec justice ! Entendre cet arrêt qui fait seul ton supplice ! Le peux-tu supporter ce tourment douloureux D’un esprit emporté par de contraires vœux. Qui fait le mal qu’il hait, et fuit le bien qu’il aimé, Qui cherche à se tromper, et qui se hait lui-même ? — — Faut-il donc que l’amour ajoute à mes fureurs ? Ah ! l’amour était fait pour adoucir nos mœurs. D’indignes voluptés corrompaient mon jeune âge : L’ambition succède avec toute sa rage. Par quel nouveau torrent je me laisse emporter ! Que d’ennemis à vaincre ! et comment les dompter ? Mânes du grand César ! ô mon maître ! ô mon père ! Que Brutus immola, mais que Rrutus révère ; Héros terrible et doux à tous tes ennemis. Tu m’as laissé l’empire à ta valeur soumis ; La moitié de ce faix accable ma jeunesse. Je n’ai que tes défauts, je n’ai que ta faiblesse ; Et je sens dans mon cœur, de remords combattu, Que je n’ose avec toi disputer de vertu.

1. Vers de Racine dans ses Cantiques san-és. V03’. Œuvres complètes de Racine, édition de MM. Saint-Marc Girardin et Louis Moland, tome V, page 38-2.

FIN DU TROISlîiME ACTE.