Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/25

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Quand il le faut, aux filles du canton ;
Et devant lui nous ferons comparaître
Un gros fermier qui fait le petit-maître,
Fait l’inconstant, se mêle d’être un fat.
Je te ferai rentrer dans ton état :
Nous apprendrons à ta mine insolente
À te moquer d’une pauvre innocente.

MATHURIN.

Cette innocente est dangereuse : il faut
Voir le beau-père, et conclure au plus tôt.


Scène IV.

MATHURIN, DIGNANT, ACANTHE, COLETTE.
MATHURIN.

Allons, beau-père, allons bâcler la chose.

COLETTE.

Vous ne bâclerez rien, non ; je m’oppose[1]
À ses contrats, à ses noces, à tout.

MATHURIN.

Quelle innocente !

COLETTE.

Quelle innocente ! Oh ! tu n’es pas au bout.

(À Acanthe.)

Gardez-vous bien, s’il vous plaît, ma voisine,
De vous laisser enjôler sur sa mine :
Il me trompa quatorze mois entiers.
Chassez cet homme.

ACANTHE.

Chassez cet homme.Hélas ! très-volontiers.

MATHURIN.

Très-volontiers !… Tout ce train-là me lasse :
Je suis têtu ; je veux que tout se passe
À mon plaisir, suivant mes volontés,
Car je suis riche… Or, beau-père, écoutez :
Pour honorer en moi mon mariage,

  1. Voltaire se permet quelquefois de mettre la césure après le troisième pied au lieu de la mettre après le deuxième.