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VARIANTES DU TRIUMVIRAT. 234

Cependant je vous laisse avec l’infortunée Qu’on amène à vos yeux tremblante et consternée ; Vous pouvez aisément adoucir ses douleurs ; Gardez-vous de laisser trop d’empire à ses pleurs. Aimez, puisqu’il le faut, mais en maître du monde.

Page 218, vers 22 :

OCTA VK.

Votre reproche est juste, et c’est un trait de flamme Qui sort de votre bouche, et pénètre mon âme. Vous pouvez tout sur moi : j’atteste à vos genoux Le dieu qui vous envoie, et qui parle par vous, Que le monde opprimé vous devra ma clémence. Songez que c’est par vous et par notre alliance Que le ciel veut finir le malheur des humains. Rome, l’empire, et moi, tout est entre vos mains : Son bonheur et le mien sur voti*e hymen se fonde. Disposez de la foi d’un des maîtres du monde. César du haut des cieux ordonne ce lien, Et vous rendez mon nom aussi grand que le sien.

JULIE.

Je rends grâces au ciel, si sa voix vous inspire.

Si ! e fils de César mérite son empire,

Si vous lui ressemblez, si vous n’ajoutez pas

Le crime de tromper à tous vos attentats.

Soyez juste en effet, c’est peu de le paraître ;

Pour un César alors je puis vous reconnaître.

Vous êtes de mon sang, et du sang des héros :

Allez à l’univers accorder le repos ;

Mais sachez que ma foi n’en peut être le gage.

Ne devez qu’i\ vous-même un si grand avantage ;

Ne cherchez la vertu qu’au fond do votre cœur ;

En la mettant à prix vous en souillez l’honneur,

Vous en avilissez le caractère auguste.

Est-ce à vos passions à vous rendre plus juste ?

J’en rougirais pour vous.

OCTAVE.

Eh bien ! je vous entends : Je sais de vos refus les motifs insultants ; Et vous ne me parlez de vertu, de clémence, Que pour voir impuni le rival qui m’offense. Le ciel vous a trompée ; il vous met dans mes mains Pour vous sauver l’affront d’accomplir vos desseins. Vous m’osez préférer l’ennemi de ma i-ace ! Son sang va me payer sa honte et son audace ; Il ne peut échapper à mon juste courroux ; Et Pompée…

JULIE.

Ah ! cruel I quel nom prononcez-vous ? Pompée est loin de moi… Qui vous dit que je l’aime ?

OCTAVE.

Vos pleurs, votre mépris de ma grandeur suprême : Lui seul à cet excès a pu vous égarer.