Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/28

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DIGNANT.

Mais…

BERTHE.

Mais… Mais il faut suivre ce que je dis.
Je ne veux plus souffrir dans mon logis,
À mes dépens, une fille indolente,
Qui ne fait rien, de rien ne se tourmente,
Oui s’imagine avoir de la beauté
Pour être en droit d’avoir de la fierté.
Mademoiselle, avec sa froide mine,
Ne daigne pas aider à la cuisine ;
Elle se mire, ajuste son chignon,
Fredonne un air en brodant un jupon,
Ne parle point, et le soir, en cachette,
Lit des romans que le baillif lui prête.
Eh bien ! voyez, elle ne répond rien.
Je me repens de lui faire du bien.
Elle est muette ainsi qu’une pécore.

MATHURIN.

Ah ! c’est tout jeune, et ça n’a pas encore
L’esprit formé : ça vient avec le temps.

DIGNANT.

Ma bonne, il faut quelques ménagements
Pour une fille ; elles ont d’ordinaire
De l’embarras dans cette grande affaire :
C’est modestie et pudeur que cela.
Comme elle, enfin, vous passâtes par là ;
Je m’en souviens, vous étiez fort revêche.

BERTHE.

Eh ! finissons. Allons, qu’on se dépêche :
Quels sots propos ! Suivez-moi promptement
Chez le baillif.

COLETTE, à Acanthe.

Chez le baillif. N’en fais rien, mon enfant,

BERTHE.

Allons, Acanthe.

ACANTHE.

Allons, Acanthe. Ô ciel ! que dois-je faire ?

COLETTE.

Refuse tout, laisse ta belle-mère,
Viens avec moi.