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292 LES SCYTHES.

Ce n’est point ton malhcnr, c’est le mien… Ma mémoire Ne me retrace [)lus cette trom|)euse gloire ; Je l’onblie à jamais.

INDATIRE.

Plus ton cœnr adoré En perd le souvenir. ])lus je m’en souviendrai. Vois-tu d’un œil content cet appareil rustique, Le monument lïeureux de notre culte antique, Où nos pères bientôt recevront les serments Dont nos cœurs et nos dieux sont les sacrés garants ? Obéide, il n’a rien de la pompe inutile Qui fatigue ces dieux dans ta superbe ville : Il n’a pour ornement (jue des tissus de fleurs, Présents de la nature, images de nos cœurs.

OBÉIDE.

Va, je crois que des cieux le grand et juste maître Préfère ce saint culte et cet autel champêtre A nos temples fameux que l’orgueil a bâtis. Les dieux qu’on y fait d’or y sont bienjual servis*.

IN’DATIRE,

Sais-tu que ces Persans venus sur ces rivages Veulent voir notre fête et nos riants bocages ? Par la luain des vertus ils nous verront unis.

OBÉIDE.

Les Persans !…. Que dis-tu ?… Les Persans !

IXDATIRE.

Tu frémis I Quelle pâleur, ù ciel, sur ton front répandue ! Des esclaves d’un roi peux-tu craindre la vue ?

OBÉIDE.

Ah, ma chère Sulma !

SULMA.

Votre père et le sien Viennent former ici votre éternel lien.

INDATIRE,

Nos parents, nos amis, tes compagnes fidèles,

1. On lit dans Philémon et Baucis, de La Fontaine :

Jamais le ciel ne fut aux liumains si facilo Que quand Jupiter même était de simple bois, Depuis qu’on l’a fait d’or il est sourd à nos voix.