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318 LES SCYTHES.

Nos Scythes sont armés… Dieux, punissez les crimes ! Dieux, combattez pour nous, et prenez vos victimes ! Ayez pitié d’un pi’re.

SCÈNE Vil.

SOZAME, IIERMODAN, OBÉIDE.

SOZAME.

ma fille ! est-ce vous ?

HERMODAN.

Chère Ohéide… hélas !

OBÉIDE.

Je tombe à vos genoux. Dans riiorreur du combat avec peine échappée À la pointe des dards, au tranchant de l’épée, Aux sanguinaires mains de mes fiers ravisseurs, Je viens de ces moments augmenter les horreurs.

(À Hermodan.)

Ton fils vient d’expirer ; j’en suis la cause unique :

De mes calamités l’artisan tyrannique

Nous a tous immolés à ses transports jaloux ;

Mon malheureux amant a tué mon époux,

Sous vos yeux, sous les miens, et dans la place même

Où, pour le triste objet qu’il outrage et qu’il aime,

Pour d’indignes ai)pas, toujours persécutés,

Des flots de sang humain coulent de tous côtés.

On s’acharne, on combat sur le corps dTndatire ;

On se dispute encor ses membres qu’on déchire :

Les Scythes, les Persans, l’un par l’autre égorgés.

Sont vainqueurs et vaincus, et tous meurent vengés,

(À tous deux.)

OÙ voulez-vous aller et sans force et sans armes ?

On aurait peu d’égards à votre âge, à vos larmes.

J’ignore du combat quel sera le destin ;

Mais je mets sans trembler mon sort en votre main.

Si le Scythe sur moi veut assouvir sa rage.

Il le peut, je l’attends, je demeure en otage.

HERMODAN.

Ah ! j’ai perdu mon fils, tu me restes du moins ; Tu me tiens lieu de tout.