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326 LES SCYTHES.

Tentera d’écarter ce que mon cœur abhorre ; Mais après tant de maux mon courage est vaincu Quoi qu’il puisse arriver, ton père a trop vécu.

SCÈNE III.

OBÉIDE.

Ali ! c’est trop étoufler la fureur qui m’agite ; Tant de ménagement me déchire et m’irrite-, Mon malheur vint toujours de me trop captiver Sous d’inhumaines lois que j’aurais dû braver ; Je mis un trop haut prix à l’estime, au reproche ;Je fus esclave assez… ma liberté s’approche.

SCÈNE TV.

OBÉIDE, SULMA.

OBÉIDE.

Enfin je te revois.

SULMA.

Grands dieux ! que j’ai tremblé Lorsque, disparaissant à mon œil désolé. Vous avez traversé cette foule sanglante ! Vous affrontiez la mort de tous côtés présente ; Des flots de sang humain roulaient entre nous deux : Quel jour ! quel hyménée ! et quel sort rigoureux !

OBKIDE.

Tu verras un spectacle encor plus effroyable.

SULMA.

Ciel ! on m’aurait dit vrai !… Quoi ! votre main coupable Immolerait l’amant que vous avez aimé Pour satisfaire un peuple à sa perte animé !

OBÉIDE.

Moi, complaire à ce peuple, aux monstres de Scythie ;

À ces brutes humains pétris de barbarie,

À ces âmes de fer, et dont la dureté

Passa longtemps chez nous pour noble fermeté.

Dont on chérit de loin l’égalité paisible,