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336 AVIS AU LECTEUR.

C’est m’acquitter vcm’s vous bien inoins que la punir. Vous, laissez cette cendre à mon juste courroux, etc.

Qui jamais a pu imaginer de mettre ainsi quatre rimes masculines de suite, et de violer si grossièrement les premières règles de la poésie française ? Il y a plus encore. Le sens est perverti ; il y a six vers nécessaires d’oublis. Il se peut qu’un comédien, pour avoir plus tôt lait, ait Ccourte et gâté son rôle. Un libraire ignorant achète une mauvaise copie du souffleur de la comédie, et, au lieu de suivre l’édition de Genève, qui est fidèle, il imprime un ouvrage entièrement méconnaissable.

La même sottise se trouve dans la tragédie de 5 ; 7<n«, page 282 :

Je plains tant de vertus, tant d’amour et de charmes. Un cœur tel que le sien méritait d’être à vous. Abominables lois que la cruelle impose !

l’eut-on présenter au lecteur un pareil galimatias, et voler ainsi leur argent ? Il y a ici trois vers d’oublis. Telle est la négligence de quelques libraires ; ils n’ont ni assez d’intelligence pour comprendre ce qu’ils impriment, ni assez d’honnêteté pour payer un correcteur d’imprimerie : pourvu qu’ils vendent leur marchandise, ils sont contents. Mais bientôt leur mauvaise conduite est découverte, et leurs misérables éditions décriées restent dans leurs boutiques pour leur ruine.

Tancrhde est imprimé beaucoup plus infidèlement. L’auteur est obligé de déclarer qu’il y a dans cette pièce beaucoup de vers qu’il n’a jamais ni faits ni pu faire, comme ceux-ci par exemple :

Voyant tomber leur chef, les Maures furieux L’ont accablé de traits dans /ewr rage crudle,

L’OrpJiclui de la Chine n’est pas moins défiguré. On ne trouve point- dans l’édition de Duchône ces vers que dit Gengis, et qui sont dans toutes les éditions :

Gardez de mutiler tous ces grands monuments. Ces prodiges des arts consacrés par les temps ; Respectez-les ; ils sont le prix de mon courage.

i. Ceci a déjà été remarqué dans l’avortissomont qui est à la tèto du prcniior volume du théâtre. — Cette note est de 17G8 (B.) Voyez Théâtre, tome Ier, page 1-2.

2. L’édition de 1708 porte : « On ne trouve point dans ces éditions furtives ros vers, etc. » (B.)