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ACTE I, SCÈNE I. 347

M À DAME A L B.\ NE, se lovant.

Les pauvres gens !

BABET,

Eh bien ?

LE COURRIER,

Achevez donc.

l’intendant, écrivant.

Le roi… Quatorze mille écus en six mois…

LE courrier.

Sur ma foi, Je n’y puis plus tenir.

l’intendant, écrivant.

Je m’y perds quand j’y pense !… Le roi les rencontra… son auguste clémence…

BABET.

Leur fit grâce sans doute ?

(Ici, tout le monde fait un C(îrclc autour de l’intendant.)

l’intendant.

Hélas ! il fit bien plus ; 11 leur distribua ce qu’il avait d’écus, « Le Béarnais, dit-il, est mal en équipage, Et s’il en avait plus, vous auriez davantage. »

TOUS ENSEMBLE,

Le bon roi ! le grand roi !

l’intendant.

Ce n’est pas tout ; le pain Manquait dans cette ville, on y mourait de faim ; Il la nourrit lui-même en l’assiégeant encore ^

(Il lire son mouchoir, et s’essuie les yeux.) LE COURRIER.

Vous me faites pleurer.

madame aubonne. Je l’aime !

BABET.

Je l’adore !

1. Ce passage est d’allusion. Les troupes devant lesquelles on jouait cette pièce h, Ferney bloquaient Genève ; toute communication était interrompue entre ce pays et la France ; aussi chaque jour c’était des paysans qu’on arrêtait pour avoir violé la consigne, et en faveur desquels Voltaire intercédait. (G. A.)