Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/364

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

354 CHARLOT.

MADAME AU BONNE.

Ah ! vous ne savez pas ce qu’il me fait souffrir.

LA COMTESSE. le sais qu’en son berceau, dans une maladie, Étant cru mort longtemps, vous sauvâtes sa vie : Il en doit à jamais garder le souvenir. S’il ne vous aimait pas, qui pourrait-il chérir ? Laissez-moi lui parler.

MADAME AUBONNE.

Dieu veuille que madame Par ses soins maternels amollisse son âme !

LE MARQUIS.

Que de contrainte !

LA COMTESSE, à l'intendant.

Et vous, tout est-il préparé ? Vous savez de vos soins combien je vous sais gré.

L’intendant. Madame, tout est prêt, mais la dépense est forte ; Cela pourra monter tout au moins… à…

LA COMTESSE.

Qu’importe ? Le cœur ne compte point, et rien ne doit coûter Lorsque le grand Henri daigne nous visiter.

(À ses gens.)

Laissez-moi, je vous prie.

(Ils sortent.)

SCÈNE V.

LA COMTESSE, LE MARQUIS.

LA COMTESSE.

Il est temps qu’une mère, Que vous écoutez peu, mais qui ne doit rien taire, Dans l’âge où vous entrez, sans plainte et sans rigueur, Parle à votre raison et sonde votre cœur, Je veux bien oublier que, depuis votre enfance, Vous avez repoussé ma tendre complaisance ; Que vos maîtres divers et votre précepteur, Par leurs soins vigilants révoltant votre humeur, Vous présentant à tout, n’ont pu rien vous apprendre :