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374 CHAKLOT.

l’ixtexdaxt. 11 n’a pas à ce coup survécu d’un moment. Cachons bien à sa mère un si triste accident,

MADAME À UBONNE, en pleurant.

Les pierres parleront, si nous osons nous taire.

l’intendant. C’est fort loin du chûteau que cette horrible affaire Sous mes yeux s’est passée ; et, presque au même instant. Pour préparer madame à cet événement, J’empêche, si je puis, qu’on n’entre et qu’on ne sorte, Je fais lever les ponts, je fais fermer la porte. JMadame heureusement se retire en secret. Dans ce moment fatal, au fond d’un ca])inet, Où tout ce bruit affreux ne peut se faire entendre. Ne blessons point un cœur si sensible et si tendre ; Épargnons une mère.

JULIE.

Hélas ! à quel état 8era-t-elle réduite après cet attentat ? Je plains son fils… Le temps l’aurait changé peut-être.

l’intendant. Il était bien méchant ; mais il était mon maître.

MADAME AUBONNE.

Quelle mort ! et par qui !

l’intendant.

Dans quel temps, juste ciel ! Dans le plus beau des jours, dans le plus solennel, Quand le roi vient chez nous !

JULIE.

Hélas ! ma pauvre Aubonne, Que deviendra Chariot ?

l’intendant.

Peut-être sa personne Aux mains de la justice est livrée à présent.

JULIE.

Ce garçon n’a rien fait qu’à son corps défendant : La justice est injusté.

l’intendant. Ah ! les lois sont bien dures.

1. Voltaire fait allusion ici au supplie : > do La Barre, à celui de Calas, etc. (G. A.)