Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/387

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RABET.


Il me met en colère.
Quand tu voudras parler, ne dis mot pour bien faire.

CHARLOT.

Elle ne vout plus voir un fils infortuné,
Indigne de sa mère, et bientôt condamné.
Mais que je plains, hélas ! mon auguste maîtresse ;
Et que je plains Julie ! elle avait la tendresse
De monsieur lo marquis ; et mes funestes coups
Privent l’une d’un fils, et l’autre d’un époux.
Non, je ne veux plus voir ce château respectable.
Où l’on daigna m'aimer, où je fus si coupable.

(À l’intendant.)

Vous, monsieur, si jamais dans leur triste maison,
Après cet attentat, vous prononcez mon nom.
J’ose vous conjurer de bien dire à madame
Qu’elle a toujours régné jusqu’au fond de mon âme.
Que j’aurais prodigué mon sang pour la servir ;
Que j’ai, pour la venger, demandé de mourir :
Daignez en dire autant à la noble Julie.
Hélas ! dans la maison mon enfance nourrie
Me laissait peu prévoir tant d’horribles malheurs.
Vous tous qui m’écoutez, pardonnez-moi mes pleurs,
Ils ne sont pas pour moi… la source en est plus belle…
Adieu… Conduisez-moi.

L’INTENDANT.

Que cette fin cruelle.
Que ce jour malheureux doit bien se déplorer !

GUILLOT.

Tout pleure, je ne sais s’il faut aussi pleurer.
Qu’on aime ce Charlot ! Charlot plaît, quoi qu’il fasse.
On n’en ferait pas tant pour moi.

BABET, à ceux qui emmènent Charlot.

Messieurs, de grâce,
Ne l’enlevez donc pas… suivons-le au moins des yeux.

GUILLOT.

Allons, suivons aussi, car on est curieux.