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380 CHAR LOT.

SCÈNE IV.

LES PRIiCli dents ; la comtesse, soutenue par deux SUIVANTES. LA COMTESSE.

Mes filles, laissez-moi ; que je parle à Julie ; Dans ma chambre avec moi je ne saurais rester.

l’intendant, àBabet.

Elle veut être seule, il faut nous écarter.

(Ils sortent.) LA COMTESSE, se jetant dans un fauteuiL

ma chère Julie ! en ma douleur profonde,

Ne m’abandonnez pas… je n’ai que vous au monde.

JULIE.

Vous m’avez tenu lieu d’une mère, et mon cœur Répond toujours au vôtre et sent votre malheur.

LA COMTESSE.

Ma fille, voilà donc quel est votre hyménée ! Ah ! j’avais espéré vous rendre fortunée.

JULIE.

Je pleure votre sort… et je sais m’oublier.

LA COMTESSE.

Le roi même en ces lieux devait vous marier : Au lieu de cette fête et si sainte et si chère. J’ordonne de mon fils la pompe funéraire ! Ah, Julie !

JULIE.

En ce temps, en ce séjour de pleurs. Comment de la maison faire au roi les honneurs ?

LA COMTESSE.

J’envoie auprès de lui, je l’instruis de ma perte : Il plaindra les horreurs où mon âme est ouverte, 11 aura des égards ; il ne mêlera pas L’appareil des festins à celui du trépas. Le roi ne viendra point… tout a changé de face.

JULIE.

Ainsi… le meurtrier… n’aura donc point sa grâce ?

LA COMTESSE.

Il est bien criminel.

JULIE.

Il s’est vu bien pressé ;