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38^2 CHAR LOT.

J’avais pris des chevaux ; et je viens à genoux Révéler votre sort et mon crime envers vous. Le roi m’a pardonné ma fraude et mon audace. Je ne mérite pas que vous me lassiez grâce.

LA CO^ITESSE.

Quoi ! malheureuse ! as-tu paru devant le roi ?

MADAME AUBONNE.

Madame, je l’ai vu tout comme je vous voi ’ : Ce monarque adoré ne rehute personne ; Il écoute le pauvre, il est juste, il pardonne : J’ai tout dit.

LA COMTESSE.

Qu’as-tu dit ? quels étranges discours Redoublent ma douleur et l’horreur de mes jours ! Laisse-moi.

MADAME AUBONNE.

Non, sachez cet important mystère : Chariot est plein de vie, et vous êtes sa mère.

LA COMTESSE.

OÙ suis-je ? juste Dieu ? pourrais-je m’en flatter ? Ah, Julie ! entends-tu ?

JULIE.

J’aime à n’en point douter.

MADAME AUBONNE.

Hélas ! vous auriez pu sur son nohle visage

Du comte de Givry voir la parfaite image.

11 vous souvient assez qu’en ces temps pleins d’effroi

Où la Ligue accablait les partisans du roi.

Votre époux opprimé cacha dans ma chaumière

Cet enfant dont les yeux s’ouvraient à la lumière :

Vous voulûtes bientôt le tenir dans vos bras ;

Ce malheureux enfant touchait à son trépas :

Je vous donnai le mien. Vous fûtes trop flattée

De la fatale erreur où vous fûtes jetée.

A otre hls réchappa, mais l’échange était fait.

Un enfant supposé dans vos bras s’élevait,

Vos soins vous attachaient à cette créature,

Et rhaijitude en vous tint lieu de la nature.

Mon mari, que le roi vient de faire appeler.

Interrogé par lui, vient de tout révéler ;

1. Voyez la note de la pagciJ-VJ.