Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/425

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LE JEUNE GOURVILLE., riant.

Madame Aubert !

GOURVILLE L’AÎNÉ.

Eh oui ! Madame Aubert.

LE JEUNE GOURVILLE.

Parente
Du marguillier Garant ?

GOURVILLE L’AÎNÉ.

Oui, pieuse et savante,
D’un esprit transcendant, d’un mérite accompli.

LE JEUNE GOURVILLE.

La connais-tu ?

GOURVILLE L’AÎNÉ.

Non ; mais son logis est rempli
Des gens les plus versés dans les vertus pratiques.
Elle connaît à fond tous les auteurs mystiques ;
Elle reçoit souvent les plus graves docteurs,
Et force gens de bien qu’on ne voit point ailleurs.


LE JEUNE GOURVILLE.

Madame Aubert t’attend ?

GOURVILLE L’AÎNÉ.

Oui : mon tuteur fidèle,
Monsieur Garant, me mène enfin dîner chez elle.

LE JEUNE GOURVILLE.

Chez sa cousine ?…

GOURVILLE L’AÎNÉ.

Eh ! Oui.

LE JEUNE GOURVILLE.

Cette femme de bien ?


GOURVILLE L’AÎNÉ.

Elle-même ; et je veux, après cet entretien,
Ne hanter désormais que de tels caractères,
Des dévots éprouvés, secs, durs, atrabilaires.
Je ne veux plus vous voir ; et je préfère un trou,
Un ermitage, un antre…

LE JEUNE GOURVILLE., en l’embrassant.

Adieu, mon pauvre fou.