Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/432

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
MONSIEUR GARANT.

Il ne peut vous souffrir. Il vient de s’engager
A vendre sa maison pour vous en déloger…
Vous en riez ?

NINON.

La chose est-elle bien certaine ?

MONSIEUR GARANT.

J’en suis témoin ; j’ai vu cet effet de sa haine ;
J’en ai vu l’acte en forme au notaire porté :
C’est l’usage qu’il fait de sa majorité.
Quel homme !

NINON.

Ce n’est rien, n’en soyez point en peine ;
Cela s’ajustera.

MONSIEUR GARANT.

Craignez tout de sa haine.

NINON.

Ce mauvais procédé ne lui peut réussir.

MONSIEUR GARANT.

De cette ingratitude il faut le bien punir,
Qu’il sorte de chez vous.

NINON.

Peut-être il le mérite.

MONSIEUR GARANT.

Pour moi, je l’abandonne, et je le déshérite :
De ses cent mille francs il n’aura, ma foi, rien.

NINON.

S’ils dépendent de vous, monsieur, je le crois bien.

MONSIEUR GARANT.

Que nous sommes à plaindre ! Un bon ami nous laisse
De ses deux chers enfants à guider la jeunesse :
L’un est un garnement, turbulent, effronté,
À la perdition par le vice emporté ;
L’autre est fourbe, perfide, ingrat, atrabilaire,
Dur, méchant… De tous deux il nous faudra défaire.

NINON.

Me le conseillez-vous ?

MONSIEUR GARANT.

Ce doit être l’avis
De tous les gens d’honneur et de vos vrais amis,
Prenez un parti sage… Écoutez… Cette caisse