Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/449

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GOURVILLE L’AÎNÉ.

Quoi !

L’AVOCAT PLACET.

Que votre éloquence
Avait voulu tromper sa timide innocence.

GOURVILLE L’AÎNÉ.

Ah ! c’est une coquine ; et je ferai serment
Que rien n’est plus menteur que cette fille Agnant.

L’AVOCAT PLACET.

Les serments coûtent peu, monsieur, aux hypocrites ;
Et chez madame Aubert vos infâmes visites,
Le viol dont partout vous êtes accusé,
Un mari trop bénin par vous de coups brisé,
Ont fait connaître assez votre affreux caractère.

GOURVILLE L’AÎNÉ.

Juste ciel !

L’AVOCAT PLACET.

Poursuivons… Vous connaissez la mère ?

GOURVILLE L’AÎNÉ.

Qui donc ?

L’AVOCAT PLACET.

Madame Agnant.

GOURVILLE L’AÎNÉ.

Je sais qu’en ce logis
On la souffre parfois ; mais je vous avertis
Que je n’ai jamais eu la plus légère envie
D’elle ni de sa fille, et très peu me soucie
De la famille Agnant.

L’AVOCAT PLACET.

Vous savez sur l’honneur
Combien elle est terrible, et quelle est son humeur.

GOURVILLE L’AÎNÉ.

Je n’en sais rien du tout.

L’AVOCAT PLACET.

Pour venger son injure,
Sa main de deux soufflets a doué ma future
Devant monsieur Agnant et devant les valets.

GOURVILLE L’AÎNÉ.

Ma foi, cette journée est féconde en soufflets.

L’AVOCAT PLACET.

D’une telle leçon ma future excédée,
Du logis maternel soudain s’est évadée :