Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/460

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

À du cœur ; elle pense, et n’est plus une enfant ;
Vous l’avez souffletée, elle s’en est sentie
Un peu trop vivement, et puis elle est partie.

MONSIEUR AGNANT., toujours assis, et le verre à la main.

C’est votre faute aussi, ma femme ; et franchement
Vous deviez avec elle agir moins durement :
Vous avez la main prompte, et vous êtes la cause
De tout notre malheur.

LE JEUNE GOURVILLE.

Mon Dieu, c’est peu de chose.
Allez, tout ira bien… J’entends monsieur Garant ;
Il revient ; parlez-lui, mon frère, et promptement :
Sur tous les marguilliers on sait votre influence ;
Déployez avec lui votre rare éloquence.

GOURVILLE L’AÎNÉ.

Que lui dire ?

LE JEUNE GOURVILLE.

Vous seul pouvez persuader.

GOURVILLE L’AÎNÉ.

Persuader ! et quoi ?

LE JEUNE GOURVILLE.

Tout va s’accommoder.

GOURVILLE L’AÎNÉ.

Comment ?

LE JEUNE GOURVILLE.

Vous seul pouvez manier cette affaire.
Vous seul rendrez Sophie à sa charmante mère.

GOURVILLE L’AÎNÉ.

Moi ?

MADAME AGNANT.

Va, si tu la rends, je te pardonne tout.

GOURVILLE L’AÎNÉ.

Je n’entends rien…

LE JEUNE GOURVILLE.

D’un mot vous en viendrez à bout.

GOURVILLE L’AÎNÉ.

Allons donc.

Il sort.
LE JEUNE GOURVILLE.

Vous mettrez la paix dans le ménage.

MONSIEUR AGNANT., montrant le jeune Gourville.

Ma femme, ce jeune homme est un esprit bien sage.