Ma voisine, à la fin, vous voilà bien instruite
Que si votre Sophie est par malheur en fuite,
Ce n’était pas pour moi qu’elle a fait ce beau tour ;
Ni vos yeux ni les siens ne m’ont donné d’amour.
Mes yeux, méchant !
Vos yeux. C’est une calomnie,
Un mensonge effroyable inventé par l’envie.
Vous en rapportez-vous au bon monsieur Garant ?
Nous l’attendons ici de moment en moment :
Il connaît assez bien quelle est mon écriture ;
Et dans sa poche même il a ma signature ;
Il a jusqu’à la clef de mon appartement,
Où lui-même a laissé tout mon argent comptant :
Il me rendra justice.
Oh ! C’est un honnête homme.
Un grand homme de bien.
Chacun ainsi le nomme.
Un homme franc, tout rond.
L’oracle du quartier.
Madame, entre nous tous, je veux vous confier
Quelle est à ce sujet ma pensée.
Oui, confie.
Je crois que c’est chez lui que la belle Sophie
A couru se cacher pour fuir votre courroux,
Et pour qu’il la remît en grâce auprès de vous :
Dans toute la paroisse il prend soin des affaires,
Très charitablement, des filles et des mères.
Vraiment, l’avis est bon.
Mademoiselle Agnant