Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/478

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MONSIEUR GARANT.

J’ignore ce qu’on peut leur devoir en effet,
Et cela n’entre point dans l’état mis au net
Des stipulations entre nous énoncées.
Ce sont, vous le savez, des affaires passées ;
Et nous étions d’accord qu’on n’en parlerait plus.

MONSIEUR AGNANT.

Comment ?

MADAME AGNANT.

À tout moment cent mille francs perdus !
Ma fille aussi ! sortons de ce franc coupe-gorge

Montrant le jeune Gourville.

Où chacun me trompait, où ce traître m’égorge.

À Gourville l’aîné.

Et c’est vous, grand nigaud, dont les séductions
M’ont valu mes chagrins, m’ont causé tant d’affronts :
Ma fille payera cher son énorme sottise.

GOURVILLE L’AÎNÉ.

Vous vous trompez.

LISETTE.

Voici le moment de la crise.

LE JEUNE GOURVILLE., arrêtant M. et Mme Agnant, et les ramenant tous deux par la main.

Mon Dieu, ne sortez point ; restez, mon cher Agnant
Quoi qu’il puisse arriver, tout finira gaîment.

NINON., à M. Garant dans un coin du théâtre, tandis que le reste des personnages est de l’autre.

Il faut les adoucir par de bonnes paroles.

MONSIEUR GARANT.

Oui, qui ne disent rien… là… des raisons frivoles,
Qu’on croit valoir beaucoup.

NINON.

Laissez-moi m’expliquer,
Et si dans mes propos un mot peut vous choquer,
N’en faites pas semblant.

MONSIEUR GARANT.

Ah ! Vraiment, je n’ai garde.

MADAME AGNANT., à Monsieur Agnant.

Que disent-ils de nous ?

NINON., à Monsieur Garant.

Et si je me hasarde
De vous interroger, alors vous répondrez.
Madame, et vous, Gourville, enfin vous apprendrez