Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/480

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MONSIEUR GARANT.

Des fidéicommis.

NINON.

Et, pour se mettre en règle, il faut qu’un honnête homme
Jure qu’à son profit il gardera la somme ?

MONSIEUR GARANT.

Oui, madame.

LE JEUNE GOURVILLE.

Ah ! Fort bien.

MONSIEUR AGNANT.

Et monsieur a juré
Qu’il gardera le tout ?

MONSIEUR GARANT.

Oui, je le garderai.

MADAME AGNANT., au jeune Gourville.

De ta femme, ma foi, voilà la dot payée.
J’enrage. Ah ! c’en est trop.

NINON.

Soyez moins effrayée,
Et daignez, s’il vous plaît, m’écouter jusqu’au bout.

GOURVILLE L’AÎNÉ.

Pour moi, de cet argent je n’attends rien du tout ;
Et je me sens, madame, indigne d’y prétendre.

LE JEUNE GOURVILLE.

Pour moi, je le prendrais, au moins pour le répandre.

NINON.

Poursuivons… Toujours prêt de me favoriser,
Monsieur, me croyant riche, a voulu m’épouser,
Afin que nous puissions, dans des emplois utiles,
Nous enrichir encor du bien des deux pupilles.

MONSIEUR GARANT.

Mais il ne fallait pas dire cela.

NINON.

Si fait ;
Rien ne saurait ici faire un meilleur effet.

Aux autres personnages.

Il faut vous dire enfin qu’aussitôt que Gourville
Eut fait son testament, un ami difficile,
Un esprit de travers, eut l’injuste soupçon
Que votre marguillier pourrait être un fripon.

MONSIEUR GARANT.

Mais vous perdez la tête !