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484 AVERTISSEMENT DE BEUCIIOT.

c’était se mettre à l’abri de ces réclamations. Quelques personnes expliquent les initiales D. M. par De Morza, nom mis par Voltaire aux notes de \’Ode sur la morl de la margrave de Dareulh, et à d’autres ouvrages.

Mais ces précautions vulgaires lui parurent insuffisantes : il tenait par-dessus tout à ne pas être soupçonné d’être l’auteur, et ne trouva rien de mieux à faire pour cela que de se dédier sa pièce ^ La ruse n’était pas nouvelle ; Voltaire lui-même l’avait employée quelques années auparavant, en se faisant adresser les Lettres sur la Nouvelle Héloise.

L’édition des Guèbres, qu’il fit faire à Genève (sans nom de ville), contient une Proface de l Éditeur ^ et une Épître dédicatoire à M. de Voltaire, L’embarras était dans la mesure à donner aux éloges que devait contenir la dédicace. Il faut convenir que, s’ils sont assez grands pour faire croire qu’il* étaient d’une plume étrangère, et comme il le dit- : « Ce qu’on me dit dans la délicace est d’une nécessité absolue dans la position où je me trouve », il n’y a rien d’exagérer ni de trop vague. Une seule phrase semble trahir l’auteur, c’est celle où il parle des obligations que lui ont les libraires ; c’était une occasion toute naturelle de répondre aux calomnies qu’on avait répandues contre lui, et qu’on répète encore aujourd’hui, quelque injustes qu’elles soient.

Cette édition de Genève avait été faite pour les étrangers ^ ; quatre exemplaires en furent envoyés à Paris * : ils y sont très-rares, et ce n’est que dans la riche collection de M. de Soleinne que j’ai trouvé un exemplaire de cette édition, qui est intitulée les Guèbres, ou la Tolérance^ tragédie, par M. D** M****, 1769, in-S" de 116 pages. Une réimpression faite à Paris (sans nom de ville), en 82 pages in-8", porte seulement ce titre : les Guè- bres, tragédie, par M. D. M. ; elle contient la Préface de l’Éditeur, mais non YÉpitre dédicatoire. Aucun de ces deux morceaux ne se retrouve dans une troisième édition, à Rotterdam, cnez Reinier Leers (k Genève, chez les frères Cramer), 1769, in-S" de iv et lOi p.iges. Mais cette troisième édition, qui est encadrée, et qui est de novembre * 1769. contient un Discours historique et critique qui paraissait pour la première fois.

L’ Épître dédicatoire n’a pas non plus été reproduite dans l’édition in-i"*. Cela explique comment elle a échappé aux éditeurs de Kehl, et à tous ceux qui m’ont précédé.

Le suffrage des lecteurs ne suffisait pas à Voltaire. Il eût bien voulu que la pièce fût jouée : il espérait qu’elle le serait à Paris avec un prodigieux succès *. Mais un procureur du roi du Chàtelet, nommé Moreau ’, s’opposa à la représentation. Voltaire tourna ses vues sur Lyon ; le zèle de Bordes y

1. Lettres à d’Argontal, ’23 mai, 7 juillet 17G9,

2. Lettre à d’Argental, du 23 mai 17G0.

3. Id., ibid.

i. Lettre à d’Argontal, du 10 juin 1709.

5. Lettre au comte de Sctiomberg, du 31 octobre 17G9.

6. Lettre à d’Argental, du 28 septembre 17(J8.

7. Lettre à M™- du Dcffant, du 2i juillet ; ù d’Argental, du i auguste 1709.