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ACTE II



Scène I


Iradan, Césène.

CÉSÈNE

Ce que vous m’apprenez de sa simple innocence,
De sa grandeur modeste, et de sa patience,
Me saisit de respect, et redouble l’horreur
Que sent un cœur bien né pour le persécuteur.
Quelle injustice, ô ciel et quelles lois sinistres
Faut-il donc à nos dieux des bourreaux pour ministres ?
Numa, qui leur donna des préceptes si saints,
Les avait-il créés pour frapper les humains ?
Alors ils consolaient la nature affligée.
Que les temps sont divers ! Que la terre est changée !…
Ah ! Mon frère, achevez tout ce récit affreux,
Qui fait pâlir mon front, et dresser mes cheveux.

IRADAN

Pour la seconde fois ils ont paru, mon frère,
Au nom de l’empereur et des dieux qu’on révère ;
Ils les ont fait parler avec tant de hauteur,
Ils ont tant déployé l’ordre exterminateur
Du prétoire, émané contre les réfractaires,
Tant attesté le ciel et leurs lois sanguinaires,
Que mes soldats, tremblants et vaincus par ces lois,
Ont baissé leurs regards au seul son de leur voix.
Je l’avais bien prévu : ces prêtres du Tartare
Avancent fièrement ; et, d’une main barbare,
Ils saisissent soudain la fille d’Arzémon,
Cette enfant si sublime, Arzame (c’est son nom) ;
Ils la traînaient déjà : quelques soldats en larmes