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ACTE III



Scène I


Le Jeune Arzémon, Mégatise.

LE JEUNE ARZÉMON

Je marche dans ces lieux de surprise en surprise
Quoi ! C’est toi que j’embrasse, ô mon cher Mégatise !
Toi, né chez les Persans, dans notre loi nourri,
Et de mes premiers ans compagnon si chéri,
Toi, soldat des Romains !

MÉGATISE

Pardonne à ma faiblesse ;
L’ignorance et l’erreur d’une aveugle jeunesse,
Un esprit inquiet, trop de facilité,
L’occasion trompeuse, enfin la pauvreté,
Ce qui fait les soldats égara mon courage.

LE JEUNE ARZÉMON

Métier cruel et vil ! méprisable esclavage !
Tu pourrais être libre en suivant tes amis.

MÉGATISE

Le pauvre n’est point libre ; il sert en tout pays.

LE JEUNE ARZÉMON

Ton sort près d’Iradan deviendra plus prospère.

MÉGATISE

Va, des guerriers romains il n’est rien que j’espère.

LE JEUNE ARZÉMON

Que dis-tu ? Le tribun qui commande en ce fort
Ne t’a-t-il pas offert un généreux support ?

MÉGATISE

Ah ! Crois-moi, les Romains tiennent peu leur promesse :
Je connais Iradan ; je sais que dans Émesse,
Amant d’une Persane, il en avait un fils ;
Mais apprends que bientôt, désolant son pays,