Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/559

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CÉSÈNE

Oui, jeune infortunée, oui, je ne puis t’entendre
Sans qu’un dieu, dans mon cœur ardent à te défendre,
Ne soulève mes sens, et crie en ta faveur.

IRADAN

Tous deux m’ont pénétré de tendresse et d’horreur.


Scène IV


Iradan, Arzame, Césène, Mégatise.

CÉSÈNE

Vient-on nous demander le sang de ce coupable ?

MÉGATISE

Rien encor n’a paru.

CÉSÈNE

Son supplice équitable
Pourrait de nos tyrans désarmer la fureur.

ARZAME

Ils seraient plus tyrans s’ils épargnaient sa soeur.

MÉGATISE

Cependant un vieillard, dans sa douleur profonde,
Malgré l’ordre donné d’écarter tout le monde,
Et malgré mes refus, veut embrasser vos pieds :
A ses cris, à ses yeux dans les larmes noyés,
Daignez-vous accorder la grâce qu’il demande ?

IRADAN

Une grâce ! Qui ? Moi !

CÉSÈNE

Que veut-il ? qu’il attende,
Qu’il respecte l’horreur de ces affreux moments :
Il faut que je vous venge : allons, il en est temps.

ARZAME

Ciel ! Déjà !

CÉSÈNE

Rejetez sa prière indiscrète.

IRADAN

Mon frère, la faiblesse où mon état me jette
Me permettra peut-être encor de lui parler.
Le malheur dont le ciel a voulu m’accabler
Ne peut être, sans doute, ignoré de personne ;