Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/57

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Trop de vertu règne au fond de son cœur ;
Et notre maître est tout rempli d’honneur.

(À Acanthe.)


Quand près de vous il daignera se rendre,
Quand sans témoin il pourra vous entendre,
Remettez-lui ce paquet cacheté :

(Lui donnant des papiers cachetés.)

C’est un devoir de votre piété ;
N’y manquez pas… Ô fille toujours chère…
Embrassez-moi.

ACANTHE.

Embrassez-moi. Tous vos ordres, mon père,
Seront suivis ; ils sont pour moi sacrés ;
Je vous dois tout… D’où vient que vous pleurez ?

DIGNANT.

Ah ! je le dois… de vous je me sépare,
C’est pour jamais ; mais si le ciel avare,
Qui m’a toujours refusé ses bienfaits,
Pouvait sur vous les verser désormais,
Si votre sort est digne de vos charmes,
Ma chère enfant, je dois sécher mes larmes.

BERTHE.

Marchons, marchons ; tous ces beaux compliments
Sont pauvretés qui font perdre du temps.
Venez, Colette.

COLETTE, à Acanthe.

Venez, Colette. Adieu, ma chère amie.
Je recommande à votre prud’homie
Mon Mathurin ; vengez-moi des ingrats.

ACANTHE.

Le cœur me bat… Que deviendrai-je ? hélas !


Scène IV.



LE BAILLIF, MATHURIN, ACANTHE.


MATHURIN.

Je n’aime point cette cérémonie,
Maître baillif ; c’est une tyrannie.

LE BAILLIF.

C’est la condition sine qua non.