Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome7.djvu/400

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

d’Ydace est beaucoup plus dans le caractère de Mme Vestris que celui d’Irène, pourvu qu’elle se défasse de l’énorme multitude de ses gestes (20 avril 1778). »

Voltaire mourut le 30 mai. Mme Denis fit à la Comédie une cession de tous les honoraires qui pourraient être dus pour les représentations de son oncle. C’était bien le moins que les Comédiens reçussent, à sa requête, la dernière tragédie du poète, et il fut convenu en effet qu’Agathocle serait représenté le 31 mai 1779 pour l’anniversaire de la mort de l’auteur. Cette décision prise le 7 mai, Vanhove, alors semainier, fut chargé par ses camarades d’adresser une circulaire aux écrivains qui avaient des pièces en préparation, pour demander leur acquiescement à un tour de faveur déjà obtenu pour Irène. Personne, bien entendu, n’éleva d’objection.

Agathocle fut affiché, comme Irène, avec le Tuteur, de Dancourt, pour petite pièce.

Avant le lever du rideau, Brizard débita le discours qu’on trouvera ci-après. La pièce fut écoutée avec attention et respect. Mais le public ne se dissimula pas la faiblesse de l’œuvre. Agathocle a quelques rapports avec le Venceslas de Rotrou. Les deux fils d’Agathocle, tyran de Syracuse, ont autant de différence entre eux que d’éloignement l’un pour l’autre. Polycrate, d’un caractère féroce et tyrannique, veut enlever à force ouverte Ydace, une jeune captive qui doit être rendue aux Carthaginois en vertu d’un traité. Argide, l’autre fils d’Agathocle, tendre et généreux, l’aime, la défend ; il est attaqué par Polycrate, et c’est ce dernier qui périt. Agathocle, au lieu de punir le meurtrier, cédant à l’ascendant de la vertu et à la nécessité des conjonctures, remet son sceptre à Argide. Argide renonce au pouvoir, et rend la liberté à son pays. « Agathocle, dit Laharpe, n’est qu’une esquisse extrêmement imparfaite, dont Voltaire aurait pu faire un tableau, s’il eût tenu encore d’une main assez ferme et assez vigoureuse le pinceau tragique qui, tremblant entre les doigts glacés d’un vieillard, n’a dessiné que des figures indécises, sans expression, sans couleur et sans vie. »

La distribution des rôles n’était pas la même que celle à laquelle Voltaire avait songé, ainsi qu’on le verra par la note qui est au-dessous de la liste des personnages. Agathocle n’eut que quatre représentations.