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Traité ſur la Tolérance. Chap. XII.

fut tolérée, combien les différences dans le vrai culte ont-elles dû l’être ?

Quelques-uns donnent pour une preuve d’intolérance, que le Seigneur lui-même ayant permis que ſon Arche fût priſe par les Philiſtins dans un combat, il ne punit les Philiſtins qu’en les frappant d’une maladie ſecrète, reſſemblante aux hémorroïdes, en renverſant la ſtatue de Dagon, & en envoyant une multitude de rats dans leurs campagnes : mais lorſque les Philiſtins, pour apaiſer ſa colère, eurent renvoyé l’Arche attelée de deux vaches qui nourriſſaient leurs veaux, & offert à Dieu cinq rats d’or, & cinq anus d’or, le Seigneur fit mourir ſoixante & dix anciens d’Iſraël, & cinquante mille hommes du Peuple, pour avoir regardé l’Arche ; on répond que le châtiment du Seigneur ne tombe point ſur une créance, ſur une différence dans le culte, ni ſur aucune idolâtrie.

Si le Seigneur avait voulu punir l’idolâtrie, il aurait fait périr tous les Philiſtins qui oſèrent prendre ſon Arche, & qui adoraient Dagon ; mais il fit périr cinquante mille & ſoixante & dix hommes de ſon Peuple, uniquement parce qu’ils avaient regardé ſon Arche qu’ils ne devaient pas regarder : tant les Loix, les mœurs de ce temps, l’économie judaïque diffèrent de tout ce que nous connaiſſons ; tant les voyes inſcrutables de Dieu ſont au-deſſus des nôtres. La ri-