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Traité ſur la Tolérance. Chap. XII.

gueur exercée, dit le judicieux Don Calmet, contre ce grand nombre d’hommes, ne paraîtra exceſſive qu’à ceux qui n’ont pas compris juſqu’à quel point Dieu voulait être craint & reſpecté parmi ſon Peuple, & qui ne jugent des vues & des deſſeins de Dieu qu’en ſuivant les foibles lumières de leur raiſon.

Dieu ne punit donc pas un culte étranger, mais une profanation du ſien, une curioſité indiſcrète, une déſobéiſſance, peut-être même un eſprit de révolte. On ſent bien que de tels châtiments n’appartiennent qu’à Dieu dans la Théocratie Judaïque. On ne peut trop redire que ces temps & ces mœurs n’ont aucun rapport aux nôtres.

Enfin, lorſque, dans les ſiècles poſtérieurs Naaman l’idolâtre demanda à Eliſée s’il lui était permis de ſuivre ſon Roi dans le temple de RemnonLiv. IV. des Rois, Chap. 20, v. 25., & d’y adorer avec lui, ce même Eliſée, qui avait fait dévorer les enfants par les ours, ne lui répondit-il pas, Allez en paix ?

Il y a bien plus ; le Seigneur ordonna à Jérémie de ſe mettre des cordes au cou, des colliers[1] & des

  1. Ceux qui ſont peu au fait des uſages de l’antiquité, & qui ne jugent que d’après ce qu’ils voyent autour d’eux, peuvent être étonnés de ces ſingularités ; mais il faut ſonger qu’alors, dans l’Égypte, & dans une grande