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Traité ſur la Tolérance. Chap. III.

les faiſant brûler. Le Roi qui les protégeait, & les ſoudoyait en Allemagne, marcha dans Paris à la tête d’une Proceſſion, après laquelle on exécuta pluſieurs de ces malheureux ; & voici quelle fut cette exécution. On les ſuſpendait au bout d’une longue poutre qui jouait en baſcule ſur un arbre debout ; un grand feu était allumé ſous eux, on les y plongeait, & on les relevait alternativement ; ils éprouvaient les tourments & la mort par degrés, juſqu’à ce qu’ils expiraſſent par le plus long & le plus affreux ſupplice que jamais ait inventé la barbarie.

Peu de temps avant la mort de François I, quelques Membres du Parlement de Provence, animés par des Eccléſiaſtiques contre les Habitants de Mérindol & de Cabriere, demandèrent au Roi des Troupes pour appuyer l’exécution de dix-neuf perſonnes de ce Pays, condamnées par eux ; ils en firent égorger ſix mille, ſans pardonner ni au ſexe, ni à la vieilleſſe, ni à l’enfance ; ils réduiſirent trente Bourgs en cendres. Ces Peuples, juſqu’alors inconnus, avaient tort ſans doute d’être nés Vaudois, c’était leur ſeule iniquité. Ils étaient établis depuis trois cents ans dans des

    laient pas convenir que l’Egliſe s’étant étendue & fortifiée, il avait fallu néceſſairement étendre & fortifier ſa diſcipline : ils condamnaient les richeſſes, qui ſemblaient pourtant néceſſaires pour ſoutenir la majeſté du culte.