Page:Von Kotzebue - Souvenirs de Paris en 1804, tome 1.djvu/129

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SOUVENIRS

Comme il nous reste encore une petite demi-heure, employons ce temps à visiter deux célèbres fontaines. Celle de la rue de Grenelle est effectivement assez belle mais la rue est étroite et embarrassée, la fontaine n’est pas dégagée de tous les côtés ; le massif est défiguré par des enseignes qui y sont suspendues. A droite on a barbouillé une vache, parce que là on vend du lait ; à gauche est l’enseigne d’un menuisier. Il me paraîtra toujours ridicule (I) (pardonnez le moi, je vous prie, ) de voir cons-

(2) Ainsi le fameux Turgot, qui fit élever cette fontaine magnifique en 1739 ; le célèbre Bouchardon qui en a donné les dessins, et qui en a lui-même exécuté les statues, les bâs-reliefs et les ornemens ; les Français et les étrangers qui l’ont regardée pendant soixante ans comme un chef-d’œuvre, ne sont qûe des ignorans, des imbécilles, et des hommes sans go0t. Rendons gare au ciel de ce qu’il a dirigé M. Kotzebue vers la France ; car, sans lui, sans son ingénieuse découverte, on aurait admire peut-être encore pendant plusieurs siècles ce monument inutile et ridicule ! et quelle honte pour les connaisseurs ! Vive M. Kotzebue ! il n’y avait peut-être que lui dans le monde qui fût capable de penser et d’imprimer de pareilles choses.