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d’architecture. Là vous trouverez de longues allées où sont ces grosses femmes appélées poissardes ; elles sont assises sous de grands parapluies de huit à dix pieds de diamètre, qui, lorsqu’on les considère de haut en bas, ont l’air d’un toit, et ressemblent assez à un corps de soldats romains lorsqu’ils attaquaient en faisant la manœuvre qu’on appelait de la tortue, et dans laquelle ils tenaient leurs boucliers au dessus de leurs têtes (I). Ces parapluies n’appartiennent pas à ces femmes ; elles les louent moyennant quelques sous (je ne sais pour le compte de qui ). Arrétons-nous ici a l’abri de la pluie et du soleil ; considérons ces magasins de poissons, d'œufs, de beurre ; ces pyramides de poires, de

(1) Bon ! voilà nos poissardes transformées en soldats romains. Pour punir ce radoteur de l'humeur qu’il me donne, je voudrais qu’il se trouvât quelque jour au milieu de la halle, et qu’il y fit part de ses remarques à celles qui en sont l’objet ; le moins qu’il pourrait lui en arriver, pour les avoir comparées à la tortue, serait d'être dévisagé par ces vigoureuses commères, qui n’entendent pas raillerie sur l’honneur du corps : le beau drame à faire !