Page:Von Moltke - La Guerre de 1870.djvu/14

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ceux-ci rejoignaient leurs corps, on constatait qu’ils arrivaient sans avoir touché les effets d’équipement les plus indispensables.

Les corps d’armée et les divisions n’avaient pas reçu leurs équipages de train, leurs ambulances ; leurs services administratifs étaient à peine constitués. Les magasins n’avaient pas été établis d’avance et l’on dut faire vivre les troupes avec les approvisionnements des places fortes. Or on avait négligé de tenir ceux-ci au complet ; sûr que l’on était d’opérer dès le début en pays ennemi, on ne s’était guère préoccupé des places françaises. De même les états-majors avaient bien reçu des cartes, mais des cartes de l’Allemagne, et pas de cartes du territoire français. Le ministère de la guerre, à Paris, recevait des demandes, des plaintes, des réclamations innombrables. Il dut finalement déclarer que les corps de troupes se tireraient d’affaire comme ils pourraient : « On se débrouillera[1] », telle fut la réponse que fit l’administration centrale.

Lorsque, huit jours après la déclaration de guerre, l’empereur arriva à Metz, les troupes n’étaient pas encore au complet et l’état-major n’était pas même exactement renseigné sur les emplacements de corps de troupes entiers. L’empereur donna l’ordre de porter l’armée en avant ; mais ses maréchaux déclarèrent la chose impossible dans l’état où se trouvaient les troupes. D’une manière générale, l’opinion que, au lieu d’envahir les pays ennemis, comme on en avait eu primitivement l’intention, il faudrait défendre son propre territoire, prenait peu à peu le dessus. On croyait savoir qu’une forte armée ennemie s’était concentrée entre Mayence et Coblence ; au lieu d’envoyer des ren-

  1. En français dans le texte. (N.d.T.)