Page:Von Moltke - La Guerre de 1870.djvu/40

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Ce soir-là encore, le général de Steinmetz prit ses dispositions pour que les unités toutes confondues fussent reconstituées. Quelques-unes d’entre elles avaient fourni des marches de près de 45 kilomètres, deux batteries débarquées du chemin de fer, qui les avait amenées de Königsberg en Prusse, avaient immédiatement pris le chemin du champ de bataille. Malgré tous ces renforts, les forces insuffisantes qui avaient entrepris l’attaque n’atteignirent jamais, à aucun moment de la journée, l’effectif de l’adversaire ; 13 batteries seulement avaient pu engager la lutte dans cet espace si restreint, et la cavalerie n’avait absolument pas pu prendre part à l’action. Il va de soi que les assaillants essuyèrent des pertes plus considérables que les défenseurs. Les Prussiens perdirent 4871 hommes, tandis que les Français n’en perdirent que 4078 ; une chose qui mérite d’être signalée, c’est le grand nombre de prisonniers non blessés que, dans cette bataille déjà, on fit à l’adversaire.

On remarquera le contraste absolu qui existe entre l’esprit de camaraderie des Prussiens qui fit que leurs chefs se prêtèrent un appui mutuel et que leurs troupes se hâtèrent d’arriver afin de prendre part à l’engagement, et les étranges marches et contremarches des divisions françaises postées en arrière du général Frossard. Trois d’entre elles furent mises en mouvement pour lui porter secours, deux seulement arrivèrent, et cela quand la lutte avait pris fin.

On a prétendu après coup que la bataille de Spicheren avait été livrée sur un terrain où elle n’eût pas dû l’être, et qu’en la livrant on avait contrecarré les plans du grand état-major. À la vérité, la bataille n’avait pas été prévue. Mais d’une manière générale il ne se présentera que fort