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XXI
INTRODUCTION

dans des ouvrages antérieurs, en les contrôlant de son mieux chaque fois qu’il put, ou en nous faisant part des doutes qu’elles lui inspiraient. Pour citer encore une expression de Bollandus, le tort de Vivès et des autres détracteurs de la Légende Dorée a été « de vouloir critiquer ce qu’ils ne comprenaient pas et qu’ils ignoraient ». Ils ignoraient qu’un érudit du xiiie siècle ne disposait point des mêmes moyens d’information que ceux dont ils disposaient, trois ou quatre siècles plus tard : c’est-à-dire qu’il manquait de beaucoup de ceux qu’ils avaient, mais que, peut-être aussi, il en avait d’autres qui désormais leur manquaient. Et quant à soutenir, comme ils le soutenaient, que la plupart des récits de la Légende Dorée sont des fables parce que les documents contemporains n’en font pas mention, c’est en vérité montrer, à l’égard de ces documents, une crédulité plus naïve encore que celle des contemporains de Jacques de Voragine à l’égard du dragon de saint Georges et du centaure de saint Antoine. Qu’un document soit contemporain des faits qu’il atteste, comme par exemple nos journaux, ou qu’il leur soit postérieur, comme les histoires et les chroniques les plus abondantes, on ne risque guère à soutenir que l’erreur y tient plus de place que la vérité, que de mille choses considérables ils ne font point mention, et qu’ils en mentionnent mille autres qui n’ont jamais existé.

Mais surtout le tort de Vivès et de ses successeurs a été de « vouloir critiquer ce qu’ils ne comprenaient pas ». Ils ne comprenaient pas, en effet, que des erreurs comme celles qu’ils signalaient dans la